Vendredi 31 mai 2019 – 7h30

Quand vous faites gassho, les avant-bras sont bien horizontaux, et la pointe des doigts est à la hauteur du nez. C’est la méthode correcte.

Dans la Prajna Paramita :

« La réalité des bouddhas éternels se manifeste à nous lorsque nous approfondissons, par notre propre expérience, la compréhension de ce qu’ils enseignent. »

Ça revient alors à dire que nous nous approprions la pratique et l’expérience de notre propre zazen. On appelle cette révélation boddhi, comme l’arbre de la boddhi - c’est l’arbre de la révélation. Ça signifie comprendre ou réaliser par soi-même. Donc cette boddhi se manifeste de plus en plus clairement au fil du temps, de l’expérience, de la pratique, comme le Bouddha qui a obtenu cette sagesse au bout de 49 jours sous l’arbre de la boddhi.

Évidemment j’étudie encore la Prajna Paramita, c’est très philosophique et très compliqué, tout est analysé, disséqué, c’est très intéressant. C’est ce qu’ils appelaient la science avant. Comme je l’ai dit hier, on comprend d’abord à travers son corps. C’est ce qu’on appelle la révélation, d’ailleurs : une sorte d’intuition, vivante, qui fait qu’on comprend sans qu’on nous ait expliqué. C’est boddhi.

Dans le canon pali, on trouve une liste de ces 36 révélations, qui sont réparties en 7 catégories. J’en ai déjà parlé, j’ai déjà expliqué ça :

  • la première catégorie contient les 4 fixations de l’attention que j’avais commencé de commenter
  • la deuxième contient les 4 efforts corrects
  • la troisième contient les 4 bases des pouvoirs magiques
  • la quatrième contient les 5 facultés spirituelles
  • la cinquième les 5 forces
  • la sixième les 7 membres de l’illumination
  • et la septième contient les 7 membres du chemin.

Alors en tous cas c’est des titres, et si on réalise ces révélations par soi-même, on va se dire : finalement c’est pas mal comme titre. Donc c’est très intéressant cette sagesse, cette philosophie bouddhiste indienne. Bien entendu, toutes ces sagesses nous sont révélées avant tout à travers le zazen. Mais si on prend les choses dans le sens contraire, ces révélations enseignent aux auditeurs, aux bouddhas pour eux-mêmes, aux bodhisattvas, c’est-à-dire à toutes les catégories de sages qui pratiquent zazen comme nous, mais qui ne sont pas encore devenus des bouddhas accomplis.

On parle souvent dans le zen de la Voie progressive et la Voie abrupte. Certains disent : le vrai zen, c’est la Voie abrupte, il faut rester 9 ans assis face au mur, il faut se couper le bras. Maître Dogen explique que c’est stupide de penser comme ça, d’opposer progressive et abrupte.

Le véritable zen transmis a toujours été une Voie abrupte. On est bien obligé, avec le corps, avec tout son corps et avec toute son âme d’avoir le courage de se lancer dans cette Voie abrupte. Ce qui n’empêche qu’on s’y lance tous les jours : chaque jour on abandonne tout et on se lâche dans le zazen, et parfois on a des révélations, la boddhi qui se révèle à nous, qui révèle des plus grandes dimensions de nous-mêmes.

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