Vous ne connaissez peut-être pas les ramènes japonais : ce sont de grands bols de nouilles à la façon chinoise que l'on consomme dans de toutes petites échoppes au coin des rues. Vous ne savez pas comme c'est délicieux, surtout après huit jours de privation. Eh bien, Taisen Deshimaru prétend qu'il en a avalé sept bols avant d'être rassasié. Pour le moment, Yasuo Deshimaru n'avait pas trouvé la forme religieuse qui pourrait lui convenir et, bien qu'il continuât d'étudier avec son professeur de bouddhisme, il porta davantage sa concentration pendant la période qui suivit sur ses études d'économie et son rêve d'Amérique.

Ces deux mondes qui l'attiraient étaient si dissemblables, si contradictoires: les économistes ne s'intéressent que rarement aux questions religieuses; de l'autre côté, les maîtres bouddhistes ne prennent jamais en considération les problèmes économiques qui pourtant déterminent la vie quotidienne de chacun. Pourquoi en était-il ainsi? Pourquoi une telle incompatibilité? Notre existence n'est-elle pas influencée par les uns et par les autres? Pour l'adolescent qu'il était, c'était une question cruciale. Il ne pouvait envisager que la poursuite d'un idéal spirituel puisse l'obliger à tourner le dos aux avantages que pouvait procurer la civilisation matérialiste.

Il pensait que celui qui choisissait la vie spirituelle était condamné à vivre en solitaire et à se nourrir de soupe de riz. Dans le monde du business, l'honnêteté d'un tel homme lui aurait valu les pires avanies et l'aurait, en outre, ridiculisé. D'un autre côté, celui qui ne recherchait que la réussite et la jouissance matérielle se trouvait, lui, entraîné dans une compétition impitoyable faite de calcul, de traîtrise et de méfiance où il n'arriverait finalement qu'à se perdre lui-même. Ces deux mondes semblaient incompatibles et sans communication entre eux. Ils coexistaient en s'ignorant l'un l'autre. Il semblait à Yasuo qu'il connaissait cette situation depuis sa plus tendre enfance, entre un père d'une intégrité absolue mais profondément matérialiste et une mère qui ne vivait que par la foi. Même s'ils vivaient dans une apparente harmonie, leurs opinions et leur vision du monde étaient inconciliables, tout comme le sont la spiritualité et le matérialisme.

En ce temps-là de la post-adolescence où Yasuo Deshimaru se cherchait lui-même, il ressentit une très forte envie de mieux connaître le monde occidental. Il se mit donc en tête d'étudier très sérieusement la langue anglaise. Ses professeurs américains et japonais étaient tous d'une grande sévérité et il fut obligé d'apprendre par coeur d'interminables listes de mots difficiles à prononcer pour un japonais - à cette époque où l'anglais n'était pas comme aujourd'hui entendu et parlé aux quatre coins du monde. Cependant, Yasuo s'accrocha avec ténacité. Le dimanche, pour rester dans l'atmosphère anglophone, il assistait aux offices de l'église baptiste et apprenait des chapitres de la Bible. A cette occasion, il découvrit avec intérêt la religion judéo-chrétienne -d'autant plus que la fille du pasteur, qui enseignait la religion mais aussi l'anglais, était loin de le laisser indifférent.

Le jeune Yasuo prit un plaisir profond à fréquenter cette jeune fille grâce à laquelle il découvrait toute la culture occidentale. De temps en temps, elle organisait des réunions où elle enseignait également les danses à la mode. Il était séduit par sa brillante intelligence et un sentiment amoureux se mêla bientôt à l'intérêt culturel qu'il retirait de sa fréquentation. Le monde japonais bougeait, lui qui était si longtemps et volontairement resté enfermé sur lui même. Les différentes influences politiques qui secouaient le monde ne manquèrent pas de toucher certains de ses professeurs qui, influencés par les idées marxistes, le poussèrent à lire Marx et Engels pour qu'il soit capable de participer à leurs discussions. Yasuo était interpellé par ces théories particulièrement révolutionnaires compte-tenu de la culture nippone de cette époque.

Cependant, ce qui le choquait, c'était le modèle exclusivement matérialiste et unilatéral de la société proposé par ces politico-philosophes révolutionnaires. Mais qu'en était-il des principes purement spiritualistes du christianisme?: "Je me sentais incapable, disait-il, de me rallier inconditionnellement à l'un ou à l'autre de ces extrêmes".

Bref, Yasuo reçut bientôt son diplôme de fin d'études. Cependant, bien que l'un de ses maîtres lui ait conseillé de poursuivre ses études d'histoire économique, il préféra entrer dans une entreprise qui, avec un peu de chance, l'enverrait un jour en mission aux États-Unis: son rêve serait alors enfin réalisé. Après avoir réussi l'examen d'entrée dans la firme Morinaga grâce à son bon niveau d'anglais, il débuta dans cette nouvelle place.

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