Au cours de milliards d’années notre monde en se refroidissant est devenu un monde de matière. Celle-ci, comme une forme de l’énergie au repos, définit les contours, la forme, d’un monde visible et tangible. Notre perception commune nous permet donc d’identifier ce que nous appelons le vide et le plein.

Le plein est constitué dans notre esprit par la matière, le vide par ce qui l’entoure, l’un se définissant d’ailleurs par rapport à l’autre de façon relative. Il n’y a pas de plein sans vide, et pas de vide sans plein. Cette forme de dualisme, intrinsèque à un monde matérialisé, se retrouve également de façon transposée entre tout composant matériel et composant invisible, intangible, comme par exemple le cerveau et la pensée, le corps et l’esprit, les yeux et la vue ou l’oreille et l’écoute. Ce que nous pouvons appeler la vacuité dépasse très largement le dualisme du vide et du plein, étant en elle-même non seulement un concept mais également une réalité physique, unique en elle-même, ne faisant appel à aucune définition relative. Néanmoins, selon le domaine dans laquelle on la considère, que ce soit dans le monde de la physique, des phénomènes, de la pensée ou de la conscience, sa signification doit être transposée dans le langage par des approches explicatives distinctes, bien que l’essence de sa compréhension intuitive soit commune, unique, indifférenciée, la nature de la vacuité

A partir du début du 20ème siècle se développa, aussi bien par l’observation que par une approche intuitive, la physique quantique, appelée aussi la théorie des quanta. La base en est que toute forme d’énergie dans notre monde est quantifiée, accessoirement bien entendu toute forme de matière également ; c’est à dire que le spectre de l’énergie ne procède pas de façon linéaire ou continue mais par sauts successifs, par grains d’énergie, appelés les quanta. La plus petite forme d’énergie mesurable est donc un quantum unique, tout le reste étant constitué de multiples d’un quantum. Aussitôt qu’une forme d’énergie dépasse l’unité d’un quantum elle surgit dans le monde visible, tangible, mesurable, ce que l’on peut appeler le plein. Une analogie macroscopique pourrait être représentée par une échelle où seuls existent les échelons, rien n’est visible dans l’espace qui les sépare. Néanmoins il est légitime de penser qu’entre deux quanta d’énergie existe une forme non mesurable directement de champs énergétiques. Toute observation aurait donc comme conséquence de projeter ce monde invisible dans le monde matériel.

De la nature de la vacuitéLe monde matériel étant celui de la forme, les formes que prendront ces champs énergétiques lorsqu’ils seront projetés dans ce monde-là seront diverses, dépendant de la façon dont cette projection, cette mesure, cette observation, est faite. En ce sens, toute observation, ou observateur, selon la méthode qu’il utilise va changer la réalité du monde matériel, si l’on conçoit le terme de réalité comme limité au monde visible. Cette remarque peut d’ailleurs s’appliquer à d’autres domaines tels que la conscience ou la pensée. D’après la physique quantique, vérifiée par l’expérience, cette projection donnera toujours une mesure d’un nombre entier de quanta. Il est alors légitime également de se poser la question si quoi que ce soit d’invisible pour nous existe néanmoins de façon sous-jacente au monde matériel, quoi que ce soit dont l’énergie locale est inférieure à un quantum unique d’énergie. Nous aurions alors affaire à une sorte d’océan d’énergie infiniment étendue, invisible, dont aucune manifestation ne percerait directement sans action extérieure dans notre monde dit réel. Un océan d’énergie, sans aspect, sans forme, sans réalité au sens du terme défini plus avant.

Et pourtant ce monde-là, en dessous d’un quantum unique, existe bien que non observable directement. De plus il ne peut être considéré comme vide, car contenant des champs énergétiques. C’est ce qu’on peut appeler le monde de la vacuité, ou de ku. De ce monde-là surgissent sans cesse grâce soit à des perturbations extérieures, soit grâce à des concentrations locales de champs, des quanta d’énergie visible, ou de matière telles que les particules élémentaires. En ce sens ku devient les phénomènes, de la vacuité surgissent les phénomènes matériels. De la même façon lors d’interactions ou d’annihilations de particules, l’énergie correspondant à leurs masses retourne dans cet océan infini d’énergie très étalée et disparaissent de notre vision. Les phénomènes retournent à ku, les particules élémentaires retournent à la vacuité. Ceci pour la nature de la vacuité vue par une approche de la physique quantique.

 

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