Portrait du Maître Zen Eihei DogenDogen est né en 1200 à Uji, près de Kyoto. Son père Michichika appartenait au clan des Minamoto et était descendant de I'empereur Murakami (947-967). À cette époque, le Japon traverse une période de troubles. Le pays est soumis depuis peu à un double pouvoir: celui de l'empereur et de sa cour installée a Kyoto, capitale traditionnelle, et celui des shoguns, sorte de général suprême qui détient le pouvoir militaire, établi a Kamakura. Dans cette société féodale les grandes familles se disputent le pouvoir. Les plus illustres sont les Fujiwara et les Minamoto. Sa mère était la fille de Fujiwara Motofusa, autre personnalité importante de la cour impériale.

Dogen vit donc le jour au sein d'une famille aristocratique bien en place et influente. Mais son père mourut alors que lui-même était âgé de deux ans et sa mère lorsqu'il avait huit ans. Le jeune Dogen reçut 1'éducation appropriée à une telle famille et dès I'âge de quatre ans il pouvait lire des poèmes en chinois. Malgré cela, il passa une enfance malheureuse et solitaire, regardant le caractère illusoire de la lutte pour le pouvoir dans un monde de chagrin et d'impermanence. Juste avant de mourir, sa mère lui recommanda de devenir moine afin d'aider au salut de tous les êtres.

Très tôt cet enfant, confronté à de tels phénomènes, réalisa la nécessité de chercher la vérité au-delà du monde des apparences. Orphelin, Dogen fut accueilli par un de ses oncles, Minamoto Michitomo, un illustre poète qui lui fit découvrir la poésie, ce qui imprégnera fortement toutes ses oeuvres futures. Au cours de sa treizième année, il monta au mont Hiei, près de Kyoto, au monastère du centre des études bouddhiques et il fut intronisé dans l'école Tendaï.

Le temple zen EiheijiSon premier maître fut Koen, un des supérieurs de ce monastère. Mais à cette époque, 1'école Tendaï entrait dans une phase de décadence, en insistant beaucoup trop sur les cérémonies, en mélangeant les doctrines ésotériques et exotériques, en développant le formalisme de la vie monastique. De plus, des moines soldats apparurent sur le mont Hiei et le monastère semblait devenir une forteresse militaire. Dogen se concentra jour et nuit sur sa pratique, mais de plus en plus de doutes I'assaillaient et il ne pouvait en rien réaliser ses aspirations. Durant ces quelques années passées dans ce monastère, Dogen connut le grand doute et sa question centrale était : " Dans l'enseignement bouddhique, il est dit que tous les êtres possèdent originellement la nature du Bouddha. S'il en est ainsi, pourquoi faut-il s'entraîner et adopter des pratiques ascétiques pour atteindre l'état de Bouddha ? " Personne ne put répondre d'une façon satisfaisante à Dogen.

Il décida donc de quitter le mont Hiei, de même que d'autres moines comme Honen (1133-1212) ou Eisai (1141-1215), fondateurs des écoles jodo et rinzaï, qui devinrent illustres dans le renouveau bouddhiste du Japon médiéval. Dogen rencontra alors maître Eisai, récemment rentré de Chine, qui enseignait le Zen Rinzaï Au temple de Kennin-ji il devint le disciple de Myozen, successeur d'Eisai. Bien que cette école ne le satisfit pas complètement il pratiqua profondément et sentit se développer son intérêt pour la pratique du Zen. Érudit, ayant une connaissance approfondie de nombreux textes bouddhiques, son exigence remarquable le poussa sans cesse à la recherche de nouveaux maîtres. Il décida alors d'aller en Chine rendre visite aux sources du bouddhisme zen.

Il quitta le Japon le 22 février 1223, accompagné de Myozen et de deux autres moines. A son arrivée, Dogen décida de rester à bord du bateau quelque temps pour préparer son périple. Un vieux moine vint pour acheter des champignons japonais sur le bateau. Ce vieux moine, de plus de soixante-dix ans, était tenzo (cuisinier) dans un temple dans la montagne près de Shanghai. Son visage reflétait une grande profondeur et Dogen en fut intrigué. Il l'invita à passer la nuit sur le bateau, souhaitant discuter avec lui. Le moine répondit qu'il devait retourner le soir même au temple car il devait cuisiner. " Dans un grand monastère tel que le vôtre, dit Dogen, il y a certainement d'autres moines qui peuvent préparer le repas. - Je suis vieux, répondit-il, et je suis tenzo. C'est la pratique de mes vieux jours. Comment pourrais-je laisser à d'autres ce que je dois faire? - Vénérable moine, dit Dogen, pourquoi une personne âgée comme vous devrait-elle faire ce travail si éprouvant au lieu de lire et d'étudier les sutras? " Le moine éclata de rire et dit: " Jeune ami venu de I'étranger, vous semblez bien ignorant de ce que signifient la pratique et l'enseignement du bouddhisme! " Il l'invita à venir lui rendre visite dans le temple de son maître, et il le salua.

Dojo du temple zen EiheijiDogen fut très impressionné par cette rencontre et un jour, en 1225, il se rendit au temple de Nyojo, nommé alors supérieur du temple Keitoku-ji sur le mont Tendo, dans le Minshu.
Au cours d'une conversation il demanda au tenzo: " Quel est le sens de la lettre? De quelle manière doit-on lire les sutras? - 1-2-3-4-5 ", répondit le vieux moine. Et Dogen demanda encore: "Comment faire pour étudier la Voie, le véritable bouddhisme? - Nulle part la Voie n'est dissimulée. " Dogen insista: " Comment faire pour étudier les sutras, le véritable bouddhisme? - 1-2-3-4-5 ", rétorqua le tenzo. Ce vieux moine incarna pour lui le bouddhisme authentique, ralliant toutes les connaissances qu'il avait pu accumuler et lui faisant comprendre I'importance du travail, de la pratique corporelle et de tous les actes de la vie.

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Seigneur, ce serait bien si tu permettais aux femmes d'entrer dans la vie sans demeure selon ton enseignement et ta discipline.

Ananda

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