Question
Je pratique zazen depuis deux ans au dojo de Paris, et mon problème est le suivant, je ne peux m'empêcher de dormir pendant la première partie qui précède kinin, alors que j'arrive bien à me concentrer sur la posture pendant la deuxième partie de zazen; je pratique surtout en semaine après le boulot.
Comment faire pour remédier à cette somnolence ?
Philippe V.
Comment faire pour remédier à cette somnolence ?
Philippe V.
Réponse de Maitre Kosen
Justement comment plonger dans l'inconscient sans s'endormir c'est un point très important du zazen. La conscience qui observe pendant zazen est très importante. Chaque jour, chaque pratique, chaque semaine, chaque mois, chaque année on comprend davantage plus profondément ce qu'est le zazen.
Mais dès le début, dès la première fois qu'on pratique, zazen est déjà zazen. Des attitudes en vous, des éveils en vous sont déjà là depuis longtemps même si vous n'en avez pas vraiment conscience. En continuant la pratique, on redécouvre comme si c'était la première fois des choses qui sont l'intimité de notre être. En fait on connaît déjà tout mais on a oublié. C'est pour ça qu'on dit " revenir à sa nature originelle " parce que Dieu ou Bouddha c'est nous. On ne l'a jamais perdue, on la connaît depuis longtemps, c'est notre nature éternelle mais on oublie.
Alors une nuit, dans le dojo du temple de Maître Nyojo en Chine, les disciples faisaient zazen, il devait être deux heures du matin - le zazen avec un grand maître est toujours intense - et Maître Nyojo est un grand Maître. Parmi tous les disciples il y avait Maître Dogen, le futur Maître Dogen qui allait transmettre le zen de Chine au Japon. Il pratiquait toujours avec ferveur, toujours le premier dans le dojo, assis en zazen avant tout le monde.
Au cours de cette longue méditation de nuit, tout à coup Maître Nyojo s'est mis en colère : " Vous ne devez pas dormir pendant zazen ! ". Il se lève de son siège - c'est un bon Maître, il se levait de son siège, pas comme moi qui, une fois en zazen, n'aime pas bouger- . Il se lève de son siège et, avec sa chaussure, il tape sur le voisin juste à gauche de Maître Dogen et il crie : " Shinjin datsu raku ! ". Il faut se dépouiller du corps et de l'esprit !
A ces mots, par la frayeur, la surprise, Maître Dogen sent son corps vibrer, trembler, le coeur qui bat, la sueur qui suinte de son front et fchiiit ! Il quitte son corps. Quand le zazen est terminé il se rend rapidement dans la chambre de son Maître.
Son Maître le fait rentrer, il fait sampaï, il se prosterne aux pieds du Maître et il lui dit " Maître j'ai expérimenté shinjin datsu, se dépouiller du corps et de l'esprit. "
Maître Nyojo lui répond " datsu raku shinjin " Ce qui signifie : si vous êtes dépouillé du corps et de l'esprit dépouillez-vous du dépouillement du corps et de l'esprit, dépouillez-vous, continuez, dépouillez-vous, shinjin datsu raku sans cesse. A la fin de sa vie, Maître Kodo Sawaki, le Maître de Deshimaru disait aussi " Toute ma vie, instant après instant, je me suis toujours dépouillé du corps esprit, à chaque instant" . Plus tard Maître Dogen disait que c'est l'essentiel, le point le plus important du zazen : le shinjin datsu raku, datsu raku shinjin, c'est très important. Ce n'est pas seulement quitter le corps de façon spectaculaire, c'est pour ça que le Maître lui répond : " datsu raku shinjin ! ". Shinjin datsu raku c'est le spectaculaire, quitter son corps pendant zazen. Datsu raku shinjin, c'est beaucoup plus subtil, c'est quelque chose qu'on doit découvrir et maîtriser en soi-même, à chaque instant, pas seulement pendant zazen.
Mais dès le début, dès la première fois qu'on pratique, zazen est déjà zazen. Des attitudes en vous, des éveils en vous sont déjà là depuis longtemps même si vous n'en avez pas vraiment conscience. En continuant la pratique, on redécouvre comme si c'était la première fois des choses qui sont l'intimité de notre être. En fait on connaît déjà tout mais on a oublié. C'est pour ça qu'on dit " revenir à sa nature originelle " parce que Dieu ou Bouddha c'est nous. On ne l'a jamais perdue, on la connaît depuis longtemps, c'est notre nature éternelle mais on oublie.
Alors une nuit, dans le dojo du temple de Maître Nyojo en Chine, les disciples faisaient zazen, il devait être deux heures du matin - le zazen avec un grand maître est toujours intense - et Maître Nyojo est un grand Maître. Parmi tous les disciples il y avait Maître Dogen, le futur Maître Dogen qui allait transmettre le zen de Chine au Japon. Il pratiquait toujours avec ferveur, toujours le premier dans le dojo, assis en zazen avant tout le monde.
Au cours de cette longue méditation de nuit, tout à coup Maître Nyojo s'est mis en colère : " Vous ne devez pas dormir pendant zazen ! ". Il se lève de son siège - c'est un bon Maître, il se levait de son siège, pas comme moi qui, une fois en zazen, n'aime pas bouger- . Il se lève de son siège et, avec sa chaussure, il tape sur le voisin juste à gauche de Maître Dogen et il crie : " Shinjin datsu raku ! ". Il faut se dépouiller du corps et de l'esprit !
A ces mots, par la frayeur, la surprise, Maître Dogen sent son corps vibrer, trembler, le coeur qui bat, la sueur qui suinte de son front et fchiiit ! Il quitte son corps. Quand le zazen est terminé il se rend rapidement dans la chambre de son Maître.
Son Maître le fait rentrer, il fait sampaï, il se prosterne aux pieds du Maître et il lui dit " Maître j'ai expérimenté shinjin datsu, se dépouiller du corps et de l'esprit. "
Maître Nyojo lui répond " datsu raku shinjin " Ce qui signifie : si vous êtes dépouillé du corps et de l'esprit dépouillez-vous du dépouillement du corps et de l'esprit, dépouillez-vous, continuez, dépouillez-vous, shinjin datsu raku sans cesse. A la fin de sa vie, Maître Kodo Sawaki, le Maître de Deshimaru disait aussi " Toute ma vie, instant après instant, je me suis toujours dépouillé du corps esprit, à chaque instant" . Plus tard Maître Dogen disait que c'est l'essentiel, le point le plus important du zazen : le shinjin datsu raku, datsu raku shinjin, c'est très important. Ce n'est pas seulement quitter le corps de façon spectaculaire, c'est pour ça que le Maître lui répond : " datsu raku shinjin ! ". Shinjin datsu raku c'est le spectaculaire, quitter son corps pendant zazen. Datsu raku shinjin, c'est beaucoup plus subtil, c'est quelque chose qu'on doit découvrir et maîtriser en soi-même, à chaque instant, pas seulement pendant zazen.
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